Le vent géorgien nous fait face depuis le matin, lorsque vers 16h00, nous décidons de trouver refuge chez l’habitant. La puissance et la constance de ce vent nous ont bien fait rire au début mais nous n’étions pas conscients qu’il allait nous prendre toute notre énergie les jours suivants.
En pleine campagne, on emprunte un chemin de terre et de gros galets menant à une maison au loin. Devant le portail, un jeune s’avance et parle dans sa langue. Ne comprenant rien, nous lui montrons notre dessin d’une tente en lui mimant notre requête. Cinq minutes plus tard, un petit groupe se forme autour de nous. Une femme nous invite à la suivre dans sa maison et nous nous retrouvons dans la pièce principale composée le plus simplement possible par un poêle, deux fauteuils de chaque coté, une table en bois et quelques vieux meubles. Le tout très rudimentaire mais suffisant.
Nous acceptons le café et nous nous retrouvons attablés devant un ragoût de haricots, un gros cornichon coupé en rondelle et quelques biscuits. Quelle hospitalité ! Et quelle gentillesse !
Plus tard, un groupe, toujours de notre âge, arrive et s’installe avec nous. Un jeune en face de moi se tapote la gorge avec son index en me questionnant du regard. (Ce geste national nous accompagnera jusqu’à présent) Curieux et ne sachant pas quoi répondre, j’acquiesce… Tout s’enchaîne alors très très vite, de verre vide en verre plein, de toast en cul sec, de quiproquo en éclat de rire, nous quittons la pièce qu’une fois le pichet de vin blanc « natoural » fait maison terminé. En effet, nous verrons par la suite que les géorgiens trinquent énormément et n’hésitent pas à lever leur verre à la santé de leurs enfants, de leurs défunts, de leur région ou de toutes autres raisons… L’apéro en Géorgie est codifié : il n’y a qu’une personne qui peut porter un toast c’est le Tamada, et seuls les invités d’honneur peuvent demander à porter un toast.
Nous suivons donc le groupe et atterrissons dans une maison plus cossue appartenant à un des jeunes. Plusieurs générations vivent ici, l’arrière grand-mère, prés du poêle bien entendu, observe ; sage, elle sourit. La mère, à la cuisine, prépare à manger aidée de sa belle fille. Nous commençons à saisir les liens de parenté, eux, essaient de comprendre notre voyage… Le vent souffle toujours et le soir est là. Au moment du repas, entourés de la famille et d’amis nous découvrons quelques spécialités géorgiennes telles qu’une galette au fromage cuite au poêle, une sorte de ravioli géant en forme de tête d’ail fourré d’une farce aux nombreuses herbes et bien sûr : le vin maison ! rouge cette fois, qui descend directement dans nos jambes fatiguées…
Nous terminons la soirée autour du piano familial à écouter quelques morceaux accompagnés de quelques pas de danse traditionnelle. Des notes plein la tête, nous allons nous coucher et les rafales de vent toujours présentes ne balayeront pas de nos mémoires cette belle rencontre…